Abstract:
Bien que les études postcoloniales tentent de miner l’hégémonie des discours coloniaux
qui dépeignent, par exemple, des portraits stéréotypés, racialisés, ou autrement biaisés des
peuples colonisés, ce cadre analytique rencontre fréquemment l'obstacle discursif d’essayer
d’étudier des objets coloniaux nuisibles sans reproduire leurs discours et préjugés originels. Ce
paradoxe devient encore plus pertinent en ce qui concerne les représentations picturales, dont la
compréhension nécessite dans une certaine mesure la consommation visuelle. Ainsi, l’une des
questions postcoloniales centrales est comment faire référence à l’art colonial sans reproduire les
préjugés initiaux. Pour aborder cette énigme du mérite constructif des allusions aux oeuvres
coloniales, le projet actuel examinera la peinture de Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix,
Femmes d’Alger dans leur appartement (1834)1. Ce tableau servira d’exemple approprié pour
problématiser la relation entre l’oeuvre originale et ses reformulations à cause du contexte
colonial du tableau, la nature orientaliste de cette pièce d’art, et le vaste intertexte ultérieur qu’il
a inspiré.